L'ortie

Dans notre série d’histoires piquantes : l’ortie.

Suite à l’article sur la ronce, je suis certain que vous avez tous commencé à planter des ronces dans votre jardin. Attention cependant à trop d’enthousiasme : il faut aussi réserver de la place pour les orties et les chardons.

Nous n’aimons pas l’ortie. Elle est couverte de poils durs urticants, qui se cassent comme autant de minuscules ampoules en verre pour nous injecter ses nombreux composants, dont l’histamine et l’acétylcholine, responsables de l’effet de brûlure (je vous signale ceci afin que vous puissiez briller à table...). Et pourtant, l’ortie est extrêmement utile.

Tout d’abord, c’est une plante hôte qui accueille de nombreuses espèces de larves de coléoptères, de punaises et de papillons. En l’absence d’orties dans votre quartier, vous aurez beau avoir un jardin superbement fleuri, vous n’y verrez pas certains des papillons les plus colorés et spectaculaires, comme le Paon-du-jour (Inachis io), le Vulcain (Vanessa atalanta), la Petite Tortue (Aglais urticae) ou la Carte géographique (Araschnia levana).

Pas non plus de magnifiques papillons de nuit de la famille des noctuidés tels que la Méticuleuse (Phlogophora meticulosa) ou le Gamma (Autographa gamma). Pas non plus ces merveilleux charançons bleus-verts (Phyllobius pomaceus – Charançon de l’ortie - Brandnetelsnuittor). C’est une des raisons pour lesquelles les naturalistes militent pour le maintien en ville des friches existantes.

Ensuite, l’ortie a de nombreux usages alimentaires liés à d’excellentes qualités nutritives. Nous ne citerons ici que la soupe d’orties (recette ci-contre)I

Enfin, l’ortie est utilisée en lutte biologique contre les insectes ravageurs, sous la forme du fameux purin d’ortie obtenu en faisant macérer des feuilles hachées dans de l’eau. Outre le fait de repousser les insectes, ce purin fertilise aussi vos plantes.

Comme on ne peut pas terminer un article dans une revue naturaliste sans avoir impressionné ses lecteurs par au moins un mot d’origine grecque, sachez que l’ortie est dioïque (di-oïcos deux maisons) : les fleurs mâles et les fleurs femelles se trouvent sur des plants différents. Et comme l’ortie se reproduit surtout par rhizomes et stolons (tiges souterraines ou en surface), on trouve en général des populations compactes d’orties exclusivement mâles ou exclusivement femelles.

Ingrédients pour 1,2 litres :

1/4 sac Delhaize ou Carrefour rempli de jeunes pousses d’orties vert clair (pas de tige fibreuse)
2 pommes de terre moyennes
1 grosse carotte
½ gros oignon
1 gousse d’ail
gros sel et poivre rouge
2 cs d’huile d’olive

Préparation :

faire fondre l’oignon dans l’huile d’olive
verser les pousses d’orties sur les oignons et les faire suer
ajouter la gousse d’ail émincée, les pommes de terre coupées en tranches et les carottes en rondelles
faire cuire 5 min
ajouter sel et poivre avec modération
couvrir d’eau
porter à ébullition et poursuivre la cuisson pendant 15 min
mixer