Le lièvre et le lapin

Des léporidés au Scheutbos.

Non, il ne s’agit pas de l’ouverture d’un nouveau Molokai, ni d’un appel de fonds pour l’oeuvre du père Damien ; simplement du lièvre et du lapin. C’est que nous, biologistes, raffolons de tous ces termes que personne n’utilise et qui vous renvoient à vos dictionnaires et encyclopédies. Comme je suis sympa, je ferai le travail pour vous : les léporidés sont une famille de mammifères lagomorphes (nous voilà bien avancés) ; les lagomorphes sont proches des rongeurs, mais s’en distinguent par l’absence de baculum (nous progressons) ; le baculum est un os présent dans le pénis de certains mammifères (si les lapins en avaient été munis, on aurait sans doute dit que les amateurs de galipettes sont de brûlants lapins). Bref, je reformatte le titre :

Des lapins et des lièvres au Scheutbos.


lapinsLapin

Rien ne ressemble plus à un lièvre gras aux oreilles courtes qu’un lapin maigre aux oreilles longues. Alors, comment les distinguer ? Un truc infaillible : l’extrémité des oreilles du lièvre est noire, et cela se voit de loin. Pour le reste, il est plus élancé, plus grand, plus roux que gris, ses pattes et ses oreilles sont plus grandes, et sa course est rectiligne à grands bonds (les bonds du lapin sont plus courts, et il fait fréquemment des bonds de côté).


lièvreLievre

S’ils se ressemblent physiquement, leurs modes de vie sont très différents. Le lièvre (Lepus europaeus) est solitaire. Il aime les grands espaces ouverts (champs et prairies) bordés de haies et de petits bois. Au repos, il se tient dans un gîte – une simple dépression à même le sol. La période de reproduction va de février à juillet. La femelle (que l’on appelle hase, pour les amateurs de scrabble et de mots croisés) a 2 ou 3 portées d’environ 4 levrauts par an. Ne vivant pas dans un terrier, les levrauts sont évidemment très exposés aux prédateurs ; ils sont cependant mobiles dès la naissance, et leur mère les disperse dans la nature afin d’éviter la perte totale d’une portée, tout en assurant des tournées régulières d’allaitement ; ils sont sevrés après 1 mois et atteignent leur maturité sexuelle à 8 mois . Le lièvre pratique deux sports : la course à pattes – où il atteint des vitesses de 60 à 70 km/heure – et la boxe. Les matches de boxe sont observables surtout en mars ; on a cru initialement qu’il s’agissait de pugilats entre mâles se disputant une conquête potentielle ; pas du tout : il s’agit d’une querelle de ménage au cours de laquelle madame essaie de faire comprendre à monsieur qu’elle n’est pas encore prête. L’espérance de vie du lièvre est de 12 ans (moins s’il y a beaucoup de chasseurs). C’est un animal essentiellement nocturne et, si vous voulez avoir une chance de le voir, sortez au crépuscule. Ou regardez les vidéos et photos d’un de mes sites favoris (d’où proviennent les deux illustrations de cet article) : http://www.arkive.org/brown-hare/lepus-europaeus/

Quant à lui, le lapin (Oryctolagus cuniculus – ben voyons) vit en colonies hiérachisées, dans un réseau de galeries appelé « garenne » ; la hiérarchie est établie lors des jeux entre lapereaux. Ce sont les femelles qui creusent la garenne; pourtant, on ne peut pas dire que les mâles se fatiguent beaucoup à la reproduction, puisque l’accouplement ne dure que quelques secondes. La lapine a 4 à 5 portées d’environ 6 lapereaux par an ; ceux-ci naissent nus et aveugles, mais se rattrapent en atteignant leur maturité sexuelle en 4 mois ; heureusement que les lapins courent moins vite que les lièvres (40 km/heure). Pas de pugilats chez les lapins ; les mâles mériteraient pourtant une correction de temps en temps, ne fût-ce que pour leur sale habitude d’asperger les femelles de leur urine (drôle de façon de faire la cour). Le lapin est très vigilant et possède une vision à 360° ; il se redresse souvent et, à l’approche d’un danger, alerte ses congénères en tambourinant le sol avec une de ses pattes postérieures (comme dans les dessins animés). Le lapin est plutôt nocturne, surtout dans un environnement proche de l’homme. Voir aussi : http://www.arkive.org/rabbit/oryctolagus-cuniculus/

J’ai réservé le plus dégoûtant pour la fin, histoire de vous faire lire cet article jusqu’au bout. Lièvres et lapins sont caecotrophes (jusqu’ici, çà va) : ils réingurgitent leurs crottes, de façon à en extraire les derniers éléments nutritifs. Bon appétit !