La ronce
Remplacer la renouée par de la ronce?!
Voilà un commentaire typique de la part des collabos de la renouée (ceux qui s’inventent toutes les raisons pour ne pas la combattre et accepter dès lors la défaite), censé être chargé d’ironie et de bon-sens, face à ces résistants idéalistes “perdant leur temps” à lutter contre l’invasive.
D’abord, cette proposition réductrice est tout-à-fait fausse: de nombreuses autres espèces remplacent la renouée là où on l’arrache. Et la ronce trouve naturellement sa place sur cette liste, puisqu’elle est parmi les premières à occuper un sol dénudé, préparant ainsi l’évolution naturelle du biotope vers la forêt: les ronces protègent les jeunes pousses d’arbres de l’appétit immodéré des herbivores et leur permettent d’atteindre une taille adulte.
Et si, contre toutes les observations objectives, c’était vrai que seule la ronce remplace la renouée? Nous aurions immensément gagné au change: dans nos régions, la ronce nourrit des centaines d’espèces, la renouée aucune...Les cervidés – les chevreuils en particulier – se délectent de leurs feuilles. Quelques CENTAINES de champignons et insectes se nourrissent de la ronce. Un exemple parmi d’autres? Les lépidoptères (papillons): plus de 50 espèces choisissent la ronce pour nourrir leurs chenilles (nous en illustrons quelques-unes ici). Des oiseaux (fauvettes, troglodytes) et des petits mammifères (muscardins) y trouvent protection et y nichent.
Acronicta rumicis
Et l’homme, dans tout çà? Puisque nous constituons une espèce désespérément égocentrique, il faut bien répondre à la question. La ronce a d’abord été utilisée comme renforcement des défenses villageoises. Aussi comme lien, après avoir enlevé ses aiguillons (N.B.: des aiguillons, pas des épines; les épines sont des excroissances du bois, les aiguillons sont des excroissances de l’écorce, plus faciles à enlever). Et puis, ce merveilleux fruit qui a donné lieu à des tas de recettes, dont ce foie gras poêlé au vinaigre de mûre, qui me fait encore saliver.
Lasiocampa quercus
Quelques mots encore sur l’éthologie de la ronce. Grâce à ses aiguillons, sa tige s’accroche à tout support disponible, puis retombe vers le sol où elle produit de nouvelles racines, et une nouvelle tige; séparée de sa tige “mère”, la tige “fille” a sa vie autonome (c’est le marcottage naturel). La ronce est aussi une de ces curieuses plantes, comme le pissenlit, qui se reproduit par apomixie, c’est-à-dire sans fécondation de l’ovaire; c’est l’origine des centaines de sous-espèces de ronce que l’on dénombre, puisqu’une mutation caractéristique engendrera une descendance d’individus génétiquement identiques.
Et si quelques irréductibles collabos ruminaient une contre-attaque vengeresse, en utilisant le même argument avec d’autres plantes piquantes comme l’ortie et le chardon, je leur recommande d’attendre nos prochains articles à leur sujet, afin qu’ils ne se couvrent pas, une fois de plus, de ridicule.
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