La pipistrelle
La pipistrelle commune
Non, il ne s’agit pas d’un terme scatologique, mais bien d’un petit mammifère volant, commun et extrêmement utile. La pipistrelle est la plus petite des espèces européennes de chauves-souris : un corps de 5 cm (y compris la tête), une envergure de 20 cm et un poids de 6g environ. Elle est présente au Scheutbos et au parc Baudouin, comme dans la plupart des sites naturels de Bruxelles.
Photo Gilles San Martin
Dissipons d’abord quelques malentendus :
- Les chauves-souris ne sont pas du tout chauves ; leur nom trompeur vient d’une confusion linguistique – déjà – au temps des gallo-romains ; à l’époque, elles étaient appelées « cawa-sorice », ce qui signifiait littéralement « chouette-souris » ; de cawa à calvus (chauve), il n’y avait qu’un pas que nos ancêtres, vraiment pas doués pour les langues, ont franchi allégrement. Bien sûr, dans un entourage pédant, vous pourriez aussi les appeler des chiroptères (de chiros, main et de pteros, aile).
- Les chauves-souris ne sont pas aveugles : elles voient comme vous et moi. Mais comme elles n’ont pas de lampe de poche pour chasser les insectes nocturnes, elles ont développé il y a des millions d’années un outil que nous, les humains, sommes tout fiers d’avoir découvert au siècle dernier : le sonar. Elles émettent par la gueule des ultrasons (10 à 120 kHz ; pas la peine d’essayer de régler votre poste sur ces fréquences : elles sont inaudibles pour les humains) et captent l’écho de retour à l’aide de leurs grandes oreilles. Une merveille d’engineering. Si vous voulez vraiment les entendre, il faut passer par un convertisseur de fréquences appelé bat-box (comme dans Batman). C’est bath, hein ?
- Les chauves-souris européennes sont strictement insectivores. Elles ne s’accrochent pas dans les cheveux, ne sucent pas le sang des mammifères et n’ont signé aucun contrat avec le diable. Si elles prennent parfois un petit air féroce, c’est une posture sans doute destinée à effrayer ses prédateurs.
Petite peut-être, la pipistrelle, mais quel appétit ! Elle mange plus d’un kg d’insectes par saison. Vous savez combien cela pèse, un moustique ? Un milligramme ! Donc, une pipistrelle nous débarrasse d’un million de moustiques et papillons de nuit par an, et c’est nettement plus sympa que le DDT. De plus, elle peut vivre 17 ans. Sans la pipistrelle, on se gratterait tout le temps.
La pipistrelle dort 90% de sa vie. Elle hiberne 5 mois par an, faisant chuter sa température corporelle de 37 à 17°C, entrant en complète léthargie avec une dizaine de pulsations cardiaques par minute ; dans ces conditions, un réveil accidentel peut lui être fatal : pensez-y avant de faire de la spéléo. En été, elle dort 20h par jour, n’étant active qu’au crépuscule. Elle dort la tête en bas, accrochée par ses griffes au plafond ou au mur. Dans cette position, il lui est évidemment impossible de déféquer, et elle attendra son envol pour se soulager : malheur à l’observateur imprudent qui se sera placé sur sa trajectoire !
Les bébés doivent naître le plus tôt possible après l’hibernation, pour profiter au maximum de la bonne saison pour assurer leur croissance. D’autre part, les ébats amoureux et la gestation utilisent des ressources énergétiques incompatibles avec l’état d’épuisement propre à la fin de l’hibernation. Comment les chauves-souris ont-elles résolu ce casse-tête ? Une solution originale et surprenante : l’accouplement a lieu en automne, le sperme est stocké dans une poche par la femelle qui brise la membrane de la poche au printemps, provoquant ainsi sa fécondation. La gestation dure deux mois, et les petits naissent au mois de mai, en pleine abondance entomologique. Les femelles se seront préalablement regroupées dans une colonie, véritable nursery où les unes vont prendre soin des petits pendant que les autres chassent des insectes. Pendant que les mâles vaquent à leurs occupations égoïstes et solitaires.
La profession d’agent immobilier est très porteuse chez les pipistrelles : elles ont besoin comme toutes les chauves-souris de trois types de logement :
- un lieu d’hibernation tranquille, suffisamment humide pour empêcher la dessication des ailes, et à température fraîche et stable : une grotte, une ancienne glacière, une cave...
- un lieu plus chaud pour la nursery et assez vaste pour contenir plusieurs dizaines de femelles et leurs petits : un grenier est idéal
- un trou d’arbre, une petite crevasse pour loger le mâle pendant l’été
Ce cahier des charges rédigé par les locataires est très strict, et le manque de logements correspondants est probablement la cause principale de la raréfaction des chauves-souris.
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