Les hyménoptères
Nous sommes presqu’au bout de notre série consacrée aux ordres d’insectes : courage ! Celui des hyménoptères (plus de 100000 espèces) mériterait à lui seul plusieurs pages, étant donnée l’énorme diversité de formes et de comportements que l’on y trouve : phytophages, entomophages, parasites, sociétés organisées.
D’abord, qu’est-ce qu’un hyménoptère ? C’est un insecte à deux paires d’ailes membraneuses, dont les ailes postérieures sont couplées aux antérieures par une série de petits crochets. Hymen signifie membrane, en grec. Le seul problème avec cette définition est que ces ailes postérieures, plus petites, sont difficilement visibles, et que les crochets le sont encore moins.
Les entomologistes, apparemment très soucieux de la ligne de leurs petits protégés, ont divisé les hyménoptères en deux sous-ordres basés exclusivement sur la présence ou l’absence d’une « taille de guêpe » séparant le thorax de l’abdomen (pour les amateurs de science très exacte, cet étranglement se situe en fait entre le premier et le deuxième segment de l’abdomen) :
Les symphites n'ont pas de taille, ou tout juste un petit étranglement à peine visible. Les femelles de la plupart des symphites ont un ovipositeur en forme de scie, qui leur sert à fendre un végétal pour y déposer leurs oeufs; c'est ce qui vaut aux symphites leur nom commun de "mouches à scie". Toutes leurs larves sont phytophages et doivent se déplacer pour se nourrir.
Abia aenea
Larve de tenthrède
Les apocrites sont caractérisés par la taille de guêpe. Leurs larves sont toujours entourées de nourriture, soit stockée autour d’elles,
soit apportée au fur et à mesure par la mère ou une ouvrière ; elles sont dès lors apodes. Deux sous-groupes :
Les térébrants, dont les femelles sont munies d’un ovipositeur fonctionnel qui leur sert à pondre leurs œufs dans des végétaux ou dans le corps d’autres arthropodes (à tous les stades de ceux-ci :œuf, larve ou adulte)
Gasteruption jaculator femelle
Les aculéates, dont l’ovipositeur s’est transformé en aiguillon servant à leur défense ou à paralyser des proies. Guêpes, fourmis et abeilles sont des aculéates.
Reine de Bombus lapidarius - bourdon des pierres
Les hyménoptères possèdent une propriété remarquable : la mère peut décider du sexe de son enfant ! Lors de l’accouplement, le sperme est stocké dans une poche spéciale, dont la femelle peut contrôler l’ouverture à volonté ; elle peut donc décider de féconder ou non un œuf donné ; les œufs non fécondés donneront des mâles haploïdes (un seul jeu de chromosomes) et les œufs fécondés , des femelles diploïdes (deux jeux de chromosomes).
La diversité des mœurs des hyménoptères est énorme, comme nous pouvons nous en rendre compte en survolant quelques-unes des plus grandes familles:
Larves de tenthrède
Tenthredinidae : les larves de ces symphytes sont souvent confondues avec les chenilles des papillons, dont elles se distinguent par un plus grand nombre de paires de fausses pattes (6 à 8, contre 2 ou 5 pour les chenilles) ; inquiétées, elles redressent leurs pattes postérieures et les agitent, tentant d’effrayer le prédateur potentiel ; quelques espèces ont des larves en forme de limace.
Larve de Calirocea cerasi
Cynipidae : voilà des térébrants galligènes ; la femelle pond un œuf dans une partie de plante bien déterminée (bourgeon, feuille, tige, racine) et la plante réagit en construisant autour de l’œuf une galle, qui protégera et nourrira la larve ; de nombreuses espèces provoquent des galles sur le chêne, particulièrement accueillant !
Galles de cynips
Ichneumonidae et braconidae : pondent leurs œufs sur (ectoparasites) ou dans (endoparasites) le corps d’un arthropode, le plus souvent une chenille de papillon ; les larves éclosent et dégustent leur hôte vivant.
Phaenolobus cf terebrator
Chrysidae : ont des couleurs métalliques et pondent dans les nids d’autres insectes (appelées pour cette raison « guêpes-coucou ») ; leurs larves se nourrissent des larves de l’hôte.
Torymus sp
- Hyménoptères sociaux : les groupes qui suivent contiennent des insectes sociaux ; les abeilles et les guêpes contiennent également des espèces solitaires ; une société est caractérisée par la présence d’une ou plusieurs reines, d’ouvrières maintenues stériles par une hormone émise par la reine, et (épisodiquement) de mâles élevés exclusivement pour la reproduction (les mâles ne sont que des transmetteurs de sperme, qui meurent dès leur fonction accomplie) ; la hiérarchie et la cohésion sociale sont maintenues par des hormones transmises d’un individu à l’autre par léchage ou trophallaxie (échange de nourriture de bouche à bouche).
- Guêpes : paralysent divers insectes sur lesquels elles pondent leurs œufs (les larves disposent ainsi d’un garde-manger frais) ; les adultes se nourrissent de nectar et autres matières sucrées ; certaines espèces sont sociales (Vespidae), comme les guêpes qui nous embêtent à table, mais la division du travail y est moins poussée que chez les abeilles et fourmis.
- Fourmis : polyphages ; toutes les espèces de fourmis sont sociales ; petites, mais nombreuses : leur biomasse globale est égale à la biomasse humaine ; chez nos espèces indigènes, la division du travail repose sur l’âge de l’individu : d’abord nourrisseuses de la reine et des larves, elles deviennent ménagères, puis gardiennes, et enfin fourrageuses ; les fourmis sont les championnes de la production de phéromones : phéromones de reconnaissance, de recrutement, de piste,… ; certaines parviennent même à capter les phéromones d’alerte émises par les pucerons, dont elles recueillent le miellat (sève à peine digérée), et viennent leur porter secours
- Abeilles : se nourrissent exclusivement de nectar et de pollen
- les abeilles sociales sont sans doute celles qui ont poussé la division du travail le plus loin ; la vie des ouvrières est tellement minutée qu’on devrait plutôt les appeler les insectes suisses : 3 jours de nettoyage des cellules, 7 jours de nourrissage des larves, 7 jours de construction des cellules, gestion du stock et ventilation du nid, 3 jours de garde, et 20 jours de récolte (un vrai plan de carrière) ; une reine peut vivre 4 ans, et la colonie passe l’hiver en se nourrissant des réserves de miel et en réchauffant la reine
- les bourdons sont d’autres abeilles sociales, mais seules les femelles fécondées passent l’hiver pour fonder chacune leur colonie au printemps ; très poilus et capables de contracter et décontracter leurs muscles à une haute cadence, les bourdons peuvent voler à des températures ambiantes plus basses que les autres insectes
Bombus terrestris - bourdon terrestre
- les abeilles solitaires comportent un très grand nombre d’espèces (280 en Belgique) et une grande variété de techniques de construction des cellules larvaires : selon l’espèce, elles utilisent des branches creuses ou à moelle tendre, creusent des galeries dans le sol, occupent des coquilles d’escargots vides, bâtissent avec du mortier, isolent les cellules par des parois de boue ou de feuilles découpées… ; certaines ne butinent qu’une espèce de fleurs, d’autres butinent un grand nombre d’espèces ; il est malheureux qu’une telle grande et belle biodiversité est aujourd’hui menacée dans nos villes par l’établissement anarchique de trop nombreuses ruches à abeilles domestiques : les ressources en fleurs sont limitées, et les abeilles domestiques trop concurrentielles pour nos pauvres abeilles solitaires.
Andrena flavipes
- Les abeilles « coucou » sont des parasites des bourdons ; les femelles s’introduisent dans un nid de bourdons, en tuent la reine et y pondent leurs œufs pour confier l’éducation de leurs propres larves aux ouvrières de la défunte.
Psithyrus vestalis
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